Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées aux aliments intentionnellement pour remplir certaines fonctions technologiques (amélioration de la conservation, de la texture, de la couleur, du goût, etc.). Bien qu'ils soient soumis à des réglementations strictes avant d'être autorisés, leur sécurité est un sujet de préoccupation et de recherche constante.

Voici une explication de leur toxicité potentielle et de leur classification :

 

Évaluation de la toxicité et régulation

 

Avant qu'un additif ne soit autorisé sur le marché, il doit subir une évaluation rigoureuse de sa toxicité par des organismes scientifiques indépendants. En Europe, c'est l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) qui est responsable de cette évaluation. Aux États-Unis, c'est la FDA (Food and Drug Administration).

Cette évaluation comprend généralement :

1. Études sur animaux : Pour déterminer les effets à court et long terme, la dose sans effet observable (NOAEL - No Observed Adverse Effect Level).

2. Détermination de la Dose Journalière Admissible (DJA) : C'est la quantité d'un additif qu'une personne peut ingérer chaque jour tout au long de sa vie sans risque appréciable pour la santé. Elle est généralement fixée en appliquant un facteur de sécurité (souvent 100 ou plus) à la NOAEL.

3. Évaluation de l'exposition réelle : Les autorités estiment si la consommation moyenne et maximale de l'additif par la population ne dépasse pas la DJA.

Malgré ces évaluations, des préoccupations persistent concernant :

• Les effets cocktails : L'interaction entre plusieurs additifs consommés simultanément.

• Les populations sensibles : Enfants, femmes enceintes, personnes allergiques.

• Les nouvelles données scientifiques : De nouvelles études peuvent remettre en question la sécurité d'additifs précédemment jugés sûrs.

 

Classification des additifs alimentaires par fonction technologique

 

Les additifs sont classés par leur fonction principale et sont désignés par un code commençant par la lettre "E" suivie de trois ou quatre chiffres en Europe (par exemple, E100 pour la curcumine).

Voici les principales catégories d'additifs :

1. Colorants (E100 à E199)

• Fonction : Restaurer ou intensifier la couleur des aliments.

• Exemples :

  • E102 (Tartrazine) : Colorant jaune synthétique, parfois lié à l'hyperactivité chez les enfants.

  • E120 (Cochenille/Acide Carminique) : Colorant rouge naturel, peut provoquer des réactions allergiques chez certains.

  • E160a (Bêta-carotène) : Colorant orange naturel, précurseur de la vitamine A.

• Toxicité / Préoccupations : Certains colorants azoïques (comme E102, E104, E110, E122, E124, E129) ont été associés à une augmentation de l'hyperactivité chez les enfants (étude de Southampton).

2. Conservateurs (E200 à E299)

• Fonction : Prolonger la durée de conservation des aliments en protégeant contre la détérioration causée par les micro-organismes.

• Exemples :

  • E210-E213 (Acide Benzoïque et ses sels) : Utilisés dans les boissons, pâtisseries, confitures. Peuvent provoquer des réactions allergiques ou asthmatiques chez les personnes sensibles.

  • E220-E228 (Sulfites) : Utilisés dans le vin, les fruits secs, les crevettes. Peuvent déclencher des crises d'asthme chez les asthmatiques et des réactions allergiques.

  • E250 (Nitrite de sodium) : Utilisé dans les charcuteries. En présence d'amines (présentes dans la viande) et à haute température, peut former des nitrosamines, des composés potentiellement cancérigènes.

• Toxicité / Préoccupations : Risques d'allergies, d'asthme, et formation de composés indésirables (nitrosamines).

3. Antioxydants (E300 à E399)

• Fonction : Prolonger la durée de conservation des aliments en protégeant contre les effets de l'oxydation (rancissement des graisses, brunissement des fruits coupés).

• Exemples :

  • E300 (Acide Ascorbique / Vitamine C) : Antioxydant naturel, généralement considéré comme sûr.

  • E320 (BHA - Butylhydroxyanisole) et E321 (BHT - Butylhydroxytoluène) : Antioxydants synthétiques, utilisés dans les graisses, huiles. Des études ont soulevé des questions sur leurs effets potentiels sur le système hormonal ou leur rôle cancérigène à très fortes doses.

• Toxicité / Préoccupations : Les antioxydants naturels sont généralement sûrs, les synthétiques font l'objet d'une surveillance.

4. Émulsifiants, Stabilisants, Épaississants, Gélifiants (E400 à E499)

• Fonction : Améliorer la texture, la consistance et la stabilité des aliments (produits laitiers, sauces, glaces).

• Exemples :

  • E407 (Carraghénanes) : Gélifiant issu d'algues rouges. Des préoccupations existent concernant le carraghénane dégradé (poligénane), qui pourrait être inflammatoire pour l'intestin. Le carraghénane alimentaire non dégradé est considéré comme sûr, mais le débat persiste.

  • E412 (Gomme de Guar) : Épaississant. Généralement sûr, mais peut provoquer des troubles gastro-intestinaux à fortes doses.

  • E471 (Mono- et diglycérides d'acides gras) : Émulsifiants dérivés d'acides gras, souvent considérés comme sûrs.

• Toxicité / Préoccupations : Généralement considérés comme peu toxiques, mais des sensibilités intestinales ou des controverses (carraghénanes) existent.

5. Correcteurs d'acidité (E500 à E599)

• Fonction : Réguler l'acidité ou l'alcalinité des aliments.

• Exemples :

  • E500 (Carbonates de sodium) : Poudre à lever, correcteur d'acidité.

  • E524 (Hydroxyde de sodium) : Régulateur d'acidité.

• Toxicité / Préoccupations : Généralement considérés comme sûrs aux doses utilisées.

6. Exhausteurs de goût (E600 à E699)

• Fonction : Renforcer le goût ou l'arôme des aliments.

• Exemples :

  • E621 (Glutamate monosodique - MSG) : Très répandu, donne le goût "umami". Des controverses ont existé sur le "syndrome du restaurant chinois", mais les études scientifiques n'ont pas établi de lien causal clair avec des effets graves chez la majorité des gens. Certaines personnes peuvent être sensibles et ressentir des maux de tête ou des nausées.

• Toxicité / Préoccupations : Le MSG est l'additif le plus controversé de cette catégorie, bien que son innocuité soit généralement reconnue par les autorités sanitaires.

7. Édulcorants (E900 à E999)

• Fonction : Conférer une saveur sucrée sans ou avec peu de calories.

• Exemples :

  • E951 (Aspartame) : Édulcorant intense. Longtemps controversé, son innocuité a été réaffirmée par l'EFSA et d'autres agences, mais l'OMS a récemment émis des réserves sur son utilisation prolongée en lien avec un risque accru de cancer, bien que la DJA reste inchangée.

  • E955 (Sucralose) : Édulcorant intense, dérivé du sucre.

  • E967 (Xylitol) : Polyol (alcool de sucre), peut avoir un effet laxatif à forte dose.

• Toxicité / Préoccupations : Les édulcorants intenses font l'objet de nombreuses études, notamment concernant leurs effets sur le microbiote intestinal, le contrôle de la glycémie et le risque de cancer. Les polyols peuvent causer des troubles digestifs.

8. Autres (E900 à E1500)

• Diverses fonctions : agents d'enrobage, gaz propulseurs, agents anti-mousse, amidons modifiés, etc.

• Exemples :

  • E901 (Cire d'abeille) : Agent d'enrobage.

  • E941 (Azote) : Gaz d'emballage.

 

Recommandations générales

 

• Lisez les étiquettes : Soyez conscient des additifs présents dans les produits que vous consommez.

• Privilégiez les aliments bruts : Moins un aliment est transformé, moins il est susceptible de contenir des additifs.

• Variez votre alimentation : Cela minimise l'exposition à de fortes doses d'un additif particulier.

• Soyez attentif aux symptômes : Si vous suspectez une réaction à un additif, consultez un professionnel de santé.

En fin de compte, la question des additifs alimentaires est complexe et en constante évolution. La recherche continue d'affiner notre compréhension de leurs effets sur la santé humaine.